B6 - Le cahier de
laboratoire
Le cahier de laboratoire
constitue la « mémoire de
l'expérimentation ». Pour
jouer pleinement son rôle, il doit
faire état de tout ce qu'on a fait,
de tout ce qu'on a mesuré
(c'est-à-dire les valeurs
elles-mêmes ou les informations sur
leur nature et la façon de les
retrouver) et de tout ce qu'on croit
susceptible d'avoir exercé une
influence quelconque sur
l'expérimentation.
En principe, les
informations contenues dans le cahier de
laboratoire devraient être
suffisantes pour permettre à un
autre chercheur de répéter
exactement les mêmes manipulations.
Mais même si cela risque peu de se
produire, des informations
complètes et
détaillées sont essentielles
à plusieurs égards.
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L'analyse des
résultats pourra faire
apparaître des effets ou
phénomènes imprévus
ou indésirables, non perceptibles
lors de l'expérimentation, qu'il
faudra tenter d'expliquer. Or cela ne
pourra se faire que si l'on arrive
à retracer le plus
précisément possible les
conditions qui régnaient lors de
l'expérimentation et les gestes qui
ont été posés durant
celle-ci.
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Les personnes qui
travailleront plus tard sur les
mêmes sujets ou avec les mêmes
appareils, ou encore qui utiliseront les
résultats de cette
expérimentation, risquent fort eux
aussi d'avoir besoin de ces
renseignements.
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Le cahier de laboratoire
peut aussi jouer un rôle important
lors des procédures entourant les
demandes de brevets, car ils permettent d'établir
l'identité de l'inventeur, qui est celui qui peut déposer une demande,
ou du moins autoriser son dépôt.
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C'est pour cette raison que
plusieurs organisations ont mis sur pied
des procédures très strictes
touchant le contenu et la gestion des
cahiers de laboratoire. Par exemple, on
exige qu'ils ne sortent jamais du
laboratoire, ou encore qu'ils soient
systématiquement signés et
datés par le chercheur et
cosignés par un témoin;
cette dernière formalité est
essentielle pour que le cahier puisse
être admis comme pièce
justificative pour une contestation de
demande de brevet aux
États-Unis.
Voici d'ailleurs quelques
consignes touchant le contenu et la
gestion du cahier de laboratoire. Elles
s'inspirent en partie du document suivant,
préparé par un professeur du
Rochester Institute of Technology à
partir des consignes en vigueur dans les
laboratoires Eastman Kodak (Rothman,
n.d.).
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Le cahier doit être
relié (pas de cartable avec
feuilles mobiles).
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Le cahier doit comporter
une table des matières à
jour.
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Chaque entrée doit
comporter un titre, la date et un
énoncé du but visé
par les informations ou les mesures
qu'elle renferme.
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Chaque entrée doit
se terminer par une conclusion ou par
l'énoncé de l'étape
qui doit suivre.
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Les informations sont
entrées au moment où le
travail est effectué, jamais plus
tard.
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On écrit à
l'encre bleue ou noire, et on corrige
toute erreur en biffant
légèrement de manière
à ce que les inscriptions
antérieures demeurent lisibles et
en indiquant la raison de la
correction.
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On ne laisse pas d'espace
ou de page en blanc; au besoin, on barre
d'un grand X les zones laissées en
blanc.
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Si on doit insérer
dans le cahier un élément
externe (photo, sortie d'imprimante,
etc.), on inscrit sur cet
élément une identification
claire (incluant la date) et on le colle
dans le cahier; on fait
référence explicitement
à cet élément dans le
texte du cahier.
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On n'emploie que des
abréviations connues.
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On fait
régulièrement des
photocopies du cahier.
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Notons qu'il est possible
de remplacer le cahier de laboratoire
papier par une application informatique,
qui permet aux membres d'un laboratoire de
partager l'information. On peut employer
à cette fin un outil collaboratif
générique, comme un wiki ou
Google Docs, ou encore un logiciel
spécialisé (voir Bird,
2013) Ce type de logiciel peut
d'ailleurs faire partie de systèmes
informatisés plus vastes de gestion
des données de laboratoire (les
Laboratory Information Management Systems,
ou LIMS).
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