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C2 - La
présentation des résultats
numériques :
les grands principes
Les auteurs qui se sont
intéressés à la présentation des
résultats numériques ont proposé un
certain nombre de principes devant présider à
la conception des dispositifs - tableaux, diagrammes et
graphiques - employés à cette fin.
Ces principes découlent de
l'idée générale que ces dispositifs
doivent servir à montrer les données et
aider à les interpréter. Nous en
retiendrons quatre.
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Principe n° 1
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Les éléments qui communiquent
les données ou résultats, ou des informations
sur ceux-ci, doivent être facilement perceptibles.
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Trop de tableaux ou de graphiques
n'atteignent pas leur but tout simplement parce qu'il est
difficile de bien voir ce qu'ils contiennent. Cela est
particulièrement fréquent lors des
présentations orales avec projection sur
écran; très souvent, une partie sinon
l'ensemble des informations projetées sont tout
simplement trop petites pour être correctement
perçues depuis le fond de la salle.
On retrouve un phénomène
semblable dans les graphiques ou diagrammes
transformés en dessins bitmaps pour
intégration à des documents numériques
ou à des pages web; dans ce cas, c'est la limite de
la résolution des écrans qui rend certaines
informations difficiles à décoder, voire
illisibles.
La figure 1 présente un graphique
conçu pour être inclus dans un document
imprimé, mais qui ne convient pas du tout à
une présentation sur écran, et pas très
bien à une page web (à moins d'offrir l'option
d'une version agrandie). Et même si on offre un
document en version PDF, qui permet de faire un zoom, il est
préférable que le graphique soit bien lisible
dans une page affichée à sa taille
normale.

Figure 1. Exemple d'un
graphique conçu pour un document imprimé mais
peu approprié dans un autre contexte (projection sur
écran, intégration dans une page web).
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Pour obtenir un meilleur résultat
quand on intègre un dispositif graphique dans un
document imprimé (ou un document PDF), on
créera dans le chiffrier (comme Excel) un dispositif
beaucoup plus grand que la largeur permise d'après le
format du document imprimé. La taille de l'image sera
automatiquement réduite dans le traitement de texte
après qu'on y ait collé la figure. Cela permet
de bénéficier de la résolution de
l'imprimante, très supérieure à celle
de l'écran, et du zoom des lecteurs de PDF.
On portera cependant une attention
particulière à la taille des inscriptions dans
le graphique original afin d'éviter qu'elles ne
deviennent illisibles après réduction, comme
dans la figure 1. La règle
générale est que la taille des
caractères, un fois la figure réduite, ne
devrait pas être inférieure à 8 points,
ce qui signifie, par exemple, que des caractères d'au
moins 16 points devront être employés dans
un dispositif qui sera réduit de 50 % lors de la
copie dans le traitement de texte. Pour les
éléments graphiques tels les points, on pourra
se fier en bonne partie à leur apparence à
l'écran, dans le logiciel, si celui-ci possède
une fonction de zoom qui permet de réduire la taille
de l'affichage du même pourcentage.
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Principe n° 2
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Les aspects importants des résultats
(en fait, ceux que l'on juge important de communiquer)
doivent ressortir clairement, voire s'imposer
d'emblée.
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Les dispositifs de présentation
souffrent souvent d'un problème fondamental :
les éléments qui représentent les
données (qu'il s'agisse ou non des valeurs
numériques) que l'on veut présenter ne
ressortent pas suffisamment en comparaison des autres
éléments (cadres, lignes de
référence, étiquettes), qui doivent
certes être présents mais qui ne doivent pas
masquer les données ou détourner l'attention
de celles-ci.
Il faut donc autant que possible
éliminer les éléments non directement
liés aux données qui peuvent être source
de distraction ou qui rendent plus difficile la lecture des
données. Ainsi, il convient de réduire la
redondance et l'encombrement. Il faut également
éviter d'obliger le regard du lecteur à
effectuer un va-et-vient continuel entre divers
éléments du dispositif, ou entre celui-ci et
la légende.
Pour un tableau, on prendra un soin
particulier à éliminer les colonnes qui ne
sont pas essentielles pour illustrer le
phénomène que les données illustrent.
On veillera aussi à arrondir les valeurs
numériques en gardant le minimum de chiffres
significatifs permettant de distinguer les valeurs les unes
des autres. Finalement, on séparera les lignes en
groupes de cinq environ, séparés par des
espaces. Finalement, on pourra utiliser des
éléments graphiques (gras, encadrés ou
autres) pour attirer l'attention sur certaines valeurs
particulièrement significatives.
Les tableaux 1 et 2 présentent
deux versions du même tableau; les consignes
précédentes ont été
appliquées au second.
Tableau 1
Répartition en pourcentage de la population de 15 ans
et plus
selon le niveau de scolarité et la région
administrative, Québec, 1999.

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Tableau 2
Répartition en pourcentage de la population de 15 ans
et plus
selon le niveau de scolarité et la région
administrative, Québec, 1996
(mêmes données qu'au tableau 1,
présentation améliorée)

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On remarquera que dans le tableau 2, on a classé
les régions par ordre décroissant de
pourcentage de détenteurs d'un grade universitaire,
colonne qui a par la même occasion été
mise en premier. Ce choix est relié au contexte
d'utilisation de ce tableau, inclus dans un dossier
proposant un nouveau programme de baccalauréat
à distance, accessible dans tout le Québec.
Notons qu'on a ajouté la moyenne provinciale, en la
plaçant dans l'ordre avec les données des
régions et que, pour chaque classe de
scolarité, on a mis en évidence, en les
encadrant par les signes mathématiques
« ++ » et
« -- », les valeurs minimale et
maximale, quand celles-ci se démarquent suffisamment,
en plus ou en moins, de l'ensemble des valeurs de la
même colonne.
Certains pourraient hésiter à
arrondir ainsi les valeurs, alors qu'elles sont en principe
beaucoup plus précises (du moins on le suppose) que
ce qu'affiche le tableau. Par exemple, on trouve que 5
régions présentent le même pourcentage
(8 %) de détenteurs de grade universitaire. Mais
est-ce vraiment imporant, pour les fins de la comparaison
globale entre les régions du Québec, de savoir
que Chaudiêres-Appalaches en compte 8.10% et
Saguenay-Lac-Saint-Jean 8,16?
Pour ce qui est des graphiques, il faut
veiller à ce que les éléments
(étiquettes, quadrillage, légende, etc.)
autres que ceux qui représentent des données
prennent une importance démesurée, tant par
leur la taille que par leur nombre ou leur simple
présence visuelle. La figure 2 présente
un graphique où les données (les points) ne
sont pas vraiment en évidence et où le lecteur
doit consulter la légende pour se souvenir de la
signification des deux types de points et le texte pour
savoir en quoi consistent les deux essais (voir la figure 4
pour version améliorée de ce même
graphique).

Figure 2. Exemple d'un
graphique accordant trop d'emphase
aux éléments autres que ceux qui
représentent les données.
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Principe n° 3
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La simplicité est de mise.
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Les logiciels les plus utilisés pour
générer des graphiques sont les chiffriers
comme Excel, qui proposent des formats
prédéfinis. Cependant, ceux-ci correspondent
davantage aux pratiques en cours dans le domaine du
marketing que dans le monde des sciences. Cela donne souvent
des dispositifs artificiellement complexes qui ne font que
déformer la nature des résultats, compliquer
leur interprétation ou simplement ajouter de
l'information inutile.
Par exemple, Excel propose des diagrammes
où les valeurs sont représentées par
des objets tridimensionnels vus en perspective
(figure 3).

Figure 3. Exemple d'un
diagramme dont les caractéristiques
ajoutent de l'information nuisant à la lecture des
données.
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Or, une valeur numérique peut
être représentée par un simple point sur
un graphique. La représenter comme une boîte ou
une pointe de tarte vus en perspective n'ajoute aucune
information et, surtout, rend plus difficile tant sa lecture
que sa comparaison avec d'autres valeurs.
Les logiciels spécialisés de
graphiques scientifiques sont mieux adaptés à
la production de graphiques conformes aux normes en usage en
science. Malgré tout, il demeure possible de
générer des graphiques acceptables avec un
chiffrier tout usage comme Excel, à condition de
n'utiliser que les modèles de base (appelés
histogrammes et nuages de points dans le logiciel) et de
modifier considérablement les options des
modèles proposés. C'est d'ailleurs le moyen
que j'ai utilisé pour l'immense majorité des
dispositifs graphiques figurant dans ce cours.
Par ailleurs, quand le nombre des valeurs est
peu important, une simple juxtaposition des valeurs dans un
tableau est préférable à un dispositif
qui fait en sorte que la plus grande partie de la
tâche du lecteur consistera... à
interpréter le dispositif lui-même plutôt
que lire les données. En voici une illustration, qui
reprend les mêmes valeurs que le diagramme de la
figure 3, dont on peut
décidément questionner l'utilité.
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Taille moyenne des plantes
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méthode 1 :
23,4 cm
méthode 2 : 24,2 cm
méthode 3 : 22,5 cm
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moyenne
générale : 23,4 cm
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Principe n° 4
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Il faut rechercher l'équilibre entre
la présentation des valeurs numériques
elles-mêmes et celle du phénomène ou de
l'interprétation que ces valeurs éclairent ou
suggèrent.
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La présentation de résultats la
plus appropriée n'est pas nécessairement celle
qui permet de lire de la façon la plus précise
les valeurs qui les composent. C'est plutôt, bien
souvent, celle qui suggère ou appuie
l'interprétation que l'on en propose, qui met en
évidence le phénomène en cause et qui
montre dans quelle mesure les valeurs affichées
participent à ce phénomène.
Ainsi, le graphique de la figure 4
attire moins l'attention sur les points eux-mêmes que
sur des courbes illustrant la tendance
générale des données et faisant
apparaître clairement que certains points ne sont pas
cohérents avec l'ensemble. Souvent, ces courbes de
tendance sont fondées sur un modèle
mathématique décrivant ou expliquant le
phénomène; on parle alors de courbes
théoriques. Le graphique permet alors d'obtenir une
représentation visuelle de l'adéquation du
modèle aux données expérimentales.

Figure 4. Exemple de graphique
accordant de l'importance à des
éléments
facilitant l'interprétation des données (ici,
des courbes théoriques).
Les données sont les mêmes qu'à la
figure 2.
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