Feuille de route

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B4 - Le travail expérimental

Le volet expérimental du travail scientifique, qu'il s'effectue en laboratoire ou sur le terrain, gagnera en qualité et en efficacité si l'on respecte certains principes.

Tout d'abord, en dépit de la fébrilité qui s'empare par moments de l'expérimentateur qui voit poindre un résultat longtemps espéré ou, au contraire, l'impatience de celui ou celle qui ne voit rien venir malgré l'heure avancée, l'imminence d'une échéance, ou les pressions à la productivité, il est important de ne pas travailler trop vite.

Cela ne veut pas dire de se traîner les pieds, mais bien de prendre le temps de procéder aux vérifications qui s'imposent :

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avant de s'engager dans une étape du travail expérimental, pour s'assurer que tout est en place et fonctionne correctement;

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au cours de chaque étape du travail, pour s'assurer qu'aucun événement ou facteur imprévu n'est venu perturber le phénomène sous étude;

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à la fin de chaque étape, pour confirmer que tout a été fait comme prévu et qu'on est prêt pour la suivante.

Cela signifie aussi porter grand soin au matériel, qu'il s'agisse d'appareils, de substances ou d'êtres vivants. En effet, les erreurs ou la négligence peuvent entraîner des coûts importants ou des conséquences fâcheuses non seulement pour le projet, mais aussi pour toute l'organisation, par exemple lorsqu'un appareil d'usage collectif devient inutilisable, ou qu'une maladie se propage dans un élevage. Encore une fois, la précipitation est un des premiers dangers à éviter.

La même attitude générale, qu'on pourrait qualifier de posée ou de réfléchie, est de mise afin de conserver non seulement la concentration nécessaire à la qualité de l'observation, mais aussi l'attitude de doute, indispensable en recherche. Le signal que l'on observe est-il vraiment un signal expérimental? Ne pourrait-il pas être le résultat du malfonctionnement de l'appareil de mesure, ou encore la conséquence de travaux effectués dans l'édifice et venant perturber l'alimentation électrique? L'appareil dont on vous avait assuré qu'il avait été vérifié et étalonné peu de temps auparavant l'est-il toujours? L'a-t-il d'ailleurs vraiment été?

Les laboratoires de recherche fourmillent d'histoires d'horreur sur ce plan, par exemple de chercheurs qui, après des semaines d'expérimentation fastidieuse, ont dû littéralement jeter leurs résultats à la poubelle et tout recommencer, alors que des signes manifestes ou une simple vérification de routine auraient pu dès le départ les mettre sur la piste.

À l'inverse, on peut aussi se demander combien de résultats, fondés ceux-là mais inattendus, ont également pris trop rapidement la direction du bac à recycler parce qu'on n'avait pas pris le temps de les considérer.

Patience, rigueur et concentration sont donc les qualités (ou attitudes) qu'il faut développer et savoir mettre en œuvre si l'on veut effectuer un travail expérimental valable.

Une autre dimension du travail expérimental qui doit être prise très au sérieux est le respect des principes et règles de sécurité. En recherche, on emploie souvent des dispositifs expérimentaux de type artisanal, ou qui ont été modifiés pour les adapter à nos besoins. Ceux-ci risquent alors de ne pas répondre aux normes de sécurité qui s'appliquent aux produits commerciaux. Qu'il s'agisse d'alimentation électrique, de substances toxiques que l'on manipule ou qui sont entreposées à proximité, les sources de danger sont nombreuses, et le risque de « baisser sa garde » augmentent avec la fatigue, la pression reliée à l'approche des échéances ou même simplement l'habitude de côtoyer le danger. Une saine vigilance est toujours de mise.

  

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