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1.
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Introduction
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Le devis de recherche est un document
justifiant la pertinence et décrivant les grandes
caractéristiques d'un projet de recherche que l'on
désire effectuer. Il vise généralement
à convaincre une ou des personnes, ou encore une
organisation, d'appuyer, d'autoriser ou de financer le
projet.
Le contenu exact du devis varie
évidemment selon le contexte. Ainsi, chaque
organisation ou programme de financement possède ses
propres objectifs et ses attentes et exigences
particulières, et le devis doit montrer que le projet
contribuera à leur atteinte.
Quel que soit le contexte, certains
éléments doivent apparaître dans le
devis de recherche : la problématique,
les objectifs et les questions /
hypothèses de recherche, les
méthodes et les moyens, l'échéancier,
le budget et, finalement, les
références.
Vous pouvez examiner un exemple
de devis de recherche, préparé
expressément pour ce cours sur la base d'un
véritable projet de recherche que j'ai
réalisé il y a quelques années.
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2.
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La problématique
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Cette section, qui constitue l'introduction
du devis, présente la justification du projet, sur le
plan scientifique bien sûr, mais aussi sur les plans
économique, social et (ou) institutionnel.
Il s'agit d'abord de faire le tour des
connaissances actuelles sur le sujet, en expliquant comment
le projet permettra d'en combler certaines lacunes.
Même si cela semble un peu paradoxal, il faut à
la fois montrer comment le projet s'inscrit dans le
continuité des grands courants de la recherche
actuelle (un projet marginal pourra être jugé
moins intéressant ou plus risqué) et comment
il s'en distingue (car une recherche, en règle
générale, doit être originale).
La problématique situe ainsi le projet
dans l'ensemble des travaux sur le sujet, en
énonçant ce qu'il se propose de faire mais
aussi en précisant ses limites. Elle procède
à la manière d'un entonnoir, en partant des
connaissances ou considérations
générales, pour aller vers celles, plus
particulières ou spécialisées, qui nous
amènent sur le terrain qu'occupe le projet.
On veillera à appuyer ses affirmations
par des références (voir le texte
A8) récentes de préférence,
à des documents scientifiques de qualité (voir
le texte
A6), en s'assurant, dans le cas des documents en ligne,
de leur crédibilité (voir le texte
A7). On démontrera ainsi que le sujet est actuel
et que l'on est au fait des derniers développements
dans le domaine. Tout en faisant preuve de modestie, on fera
valoir également le lien entre le projet et les
travaux que l'on a déjà réalisés
soi-même, ou encore qui l'ont été dans
son organisation, dans la mesure où ils sont
pertinents pour la recherche que l'on veut mener.
On décrit ensuite la pertinence
économique, sociale et (ou) institutionnelle du
projet. On montre comment le projet contribuera à
résoudre des problèmes ou répondre
à des besoins sociaux ou économiques bien
circonscrits. On appuiera son argumentation en invoquant les
objectifs déclarés par l'organisation à
qui l'on demande d'autoriser ou de financer le projet, ainsi
que par des références à des documents
non scientifiques au sens propre, comme des articles de
magazines ou de sites web spécialisés, ou
encore des documents institutionnels, gouvernementaux ou
autres (voir le texte
A6).
À titre d'exemple, les organismes de
financement publics canadiens insistent sur deux types de
retombées : la formation de personnel de
recherche qualifié et la diffusion des
résultats de la recherche tant auprès des
chercheurs que du public plus large. Les devis de recherche
doivent décrire clairement les moyens
envisagés pour répondre à ces
demandes.
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3.
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Les objectifs et les questions /
hypothèses de recherche
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Dans cette section, on énonce les
objectifs du projet, que l'on précise au moyen de
questions que le projet pourra éclaircir ou
d'hypothèses qu'il tentera de corroborer. Ces
objectifs, questions et hypothèses ont normalement
été évoqués dans la
problématique, mais ils doivent être ici
clairement énoncés. En effet, ils serviront de
fondement à l'évaluation du projet lorsque
celui-ci arrivera à terme.
Le type de questions ou d'hypothèses
acceptables pour un projet scientifique dépend en
partie du domaine de recherche et du sujet. Dans plusieurs
domaines, les énoncés doivent inclure des
éléments quantitatifs, c'est-à-dire
pouvant être mesurés et (ou) calculés,
alors que dans d'autres les aspects qualitatifs ou
descriptifs sont tout à fait acceptables. De
même, si les questions et hypothèses prennent
très souvent la forme de relations de
causalité entre variables ou paramètres,
d'autres avenues sont possibles, par exemple la
démonstration de la simple présence d'un
facteur ou d'un phénomène dans une situation
donnée. Seul l'examen d'un certain nombre de travaux
dans le domaine ou sur le sujet permet vraiment de
connaître les types de questions ou
d'hypothèses pertinents.
Cependant, en règle
générale, les questions et
hypothèses :
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doivent concerner des
phénomènes que l'on peut observer à
l'aide des méthodes reconnues dans le domaine;
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doivent être précises,
c'est-à-dire ne porter que sur un ou un nombre
restreint de dimensions ou d'aspects limités du ou
des phénomènes en cause.
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Idéalement, leur formulation devrait
être suffisamment explicite pour que l'on puisse dire,
au terme du projet, quelque chose qui ressemblerait
à : « Le projet visait à
répondre aux questions suivantes : [liste
des questions], et voici les réponses qu'il a
permis d'apporter à chacune d'elles :
[résumé des
résultats]. »
Dans le contexte de la recherche
universitaire subventionnée traditionnelle,
c'est-à-dire la recherche dite libre, financée
par les organismes gouvernementaux, les objectifs ne
constituent pas un engagement formel; les projets doivent
subir plus souvent qu'autrement des réorientations en
cours de route qui peuvent modifier, la plupart du temps en
les limitant, les objectifs initiaux de la recherche. Il
arrive même parfois qu'une recherche conduise à
des résultats inattendus qui ont peu à voir
avec ceux qu'on croyait pouvoir obtenir.
Par contre, dans un contexte de recherche
commanditée ou institutionnelle, ces objectifs
peuvent acquérir un statut semblable aux clauses d'un
contrat. Dès lors, ils ne peuvent être
modifiés qu'avec l'accord explicite des bailleurs de
fonds, ou encore des gestionnaires du programme ou de
l'organisation. Dans ce contexte, il est conseillé de
porter la plus grande attention, au moment de la
préparation du devis, au caractère
réaliste des objectifs.
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4.
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Les méthodes et les moyens
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Dans cette section, on décrit quelles
seront les méthodes employées, ainsi que les
ressources ou moyens qui seront requis pour atteindre les
objectifs du projet. Cette description doit notamment
répondre à des questions telles que les
suivantes.
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Va-t-on utiliser des méthodes connues?
Lesquelles? Fournir des références à
l'appui.
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A-t-on déjà utilisé ces
méthodes dans l'organisation, ou va-t-on devoir
apprendre à les utiliser?
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Devra-t-on adapter des méthodes
existantes, ou concevoir de nouvelles méthodes? Dans
ce cas comme dans le précédent, il peut s'agir
autant de méthodes liées à
l'expérimentation ou au travail de terrain que de
méthodes de traitement ou d'analyse des
données et des résultats.
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Des expériences préliminaires
(voir le texte B3)
seront-elles requises pour valider les méthodes
choisies ou mettre au point les méthodes qui seront
développées?
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Les ressources matérielles (notamment
l'équipement) et humaines dont on aura besoin
sont-elles déjà en place, et seront-elles
disponibles au moment opportun?
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Pour un projet avec participants humains,
combien de sujets seront recrutés, et de quelle
façon seront-ils choisis? Pour ce type de recherche,
il faut soumettre au comité d'éthique de son
établissement une demande de certificat
d'éthique, qui décrit en détails les
mesures qui seront mises en place pour assurer le respect
des règles d'éthique de la recherche sur les
humains (voir le texte E2).
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Pour un projet avec des animaux, le recours
à cette approche, plutôt qu'une approche
alternative (simulation, méthode in vitro)
est-il parfaitement justifié? De quelle façon
le nombre d'animaux requis et la gravité des
interventions effectuées seront-ils minimisés
(voir le texte E3)?
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Pour un projet d'équipe, quels seront
les rôles, responsabilités et tâches de
chaque membre?
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Aura-t-on besoin de la collaboration d'autres
personnes (outre les membres de l'équipe)? Celle
d'autres équipes ou d'autres organisations?
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5.
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L'échéancier
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L'échéancier, qui s'appuie
notamment sur la planification de l'expérimentation
(voir le texte B1),
décrit comment les diverses étapes du projet
s'étaleront dans le temps et comment sera
répartie l'utilisation des ressources qu'il
requiert.
L'échéancier prend
généralement la forme d'un tableau
chronologique couvrant toute la durée du projet,
où les durées des diverses tâches, les
moments charnières et les productions
intermédiaires (parfois appelées
« livrables ») sont indiqués en
parallèle. Évidemment, il est toujours
difficile de prévoir avec précision la
durée de chacune des étapes d'un projet qui
renferme, par sa nature même d'activité de
recherche, une bonne part d'incertitude. En particulier, le
volet expérimental des travaux occupe presque
toujours plus de temps que prévu.
C'est le contexte, tant de financement que de
déroulement du projet, qui détermine la
tolérance face à ces dépassements et
les conséquences qui risquent d'en découler.
Par exemple, certains programmes de financement posent la
disponibilité des « livrables »
prévus à chaque étape des travaux comme
condition pour le versement des tranches de financement
subséquentes.
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6.
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Le budget
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Le budget fait état des coûts
associés aux ressources humaines et
matérielles nécessaires pour effectuer le
projet et aux activités qui y seront menées.
On y indique généralement (de manière
séparée) tant les ressources internes,
déjà disponibles dans l'organisation mais qui
devront être mises à la disposition du projet,
que les ressources externes, qu'il faudra embaucher ou se
procurer. Selon les règles de l'organisme de
financement, le coût des ressources internes peut
devoir être évalué et
présenté de la même façon que
celui des ressources externes, même si aucune somme ne
sera effectivement déboursée. Certains
organismes de financement exigent ainsi que
l'établissement fournisse l'équivalent d'un
pourcentage donné de la subvention qu'ils versent; on
parle alors de financement de contrepartie.
Selon le contexte et la nature du projet, les
coûts peuvent comprendre :
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les salaires et avantages sociaux des
personnels (secrétaires, techniciens, professionnels
de recherche, assistants, etc.);
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les honoraires professionnels de
consultants;
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les frais d'achat, de location ou
d'utilisation d'équipements et les frais d'achat de
fournitures (comme des produits chimiques, des supports
numériques);
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les frais de médiatisation,
d'édition et de publication;
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les frais de déplacement, par exemple
pour la participation à des colloques ou
congrès ou des rencontres avec des collaborateurs
provenant de l'extérieur;
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les frais de médiatisation,
d'édition et de publication;
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les frais indirects, c'est-à-dire la
fraction du financement obtenu que certaines organisations
(notamment les universités) retiennent pour
défrayer le coût de la gestion des
activités de recherche.
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On consultera soigneusement les guides ou
directives présentant les normes budgétaires
de son établissement et celles qui du programme de
financement auquel on s'adresse, notamment celles qui
concernent les catégories de dépenses
admissibles et les taux de salaire des diverses
catégories de personnel.
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7.
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Les références
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Normalement, on ne présente dans cette
section que la liste (notices bibliographiques
complètes) des documents cités (avec renvois)
dans le devis (voir le texte A8).
Certains programmes de financement suggèrent
toutefois l'ajout d'une bibliographie exhaustive couvrant le
domaine dans lequel s'inscrit la recherche.
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